Par son passé colonial tantôt assumé, tantôt donnant mauvaise conscience , la France possède une place particulière en Afrique . Et l’Afrique tient également une place particulière en France.
Depuis plusieurs années l’influence française sur le continent africain s’étiole, pire la France est rejetée par un nombre croissant de pays qui, pourtant, tissaient des liens extrêmement puissants avec elle.
Dans le même temps d’autres pays , Chine , Qatar, Turquie , Russie – qui ont compris l’intérêt qu’il convient de porter au continent qui a vu naître l’humanité – exercent des influences économiques , culturelles , religieux voire militaire de plus en plus importantes. A tel point que le continent est devenu un enjeu lutte d’influence et de présence .
L’Afrique dans son ensemble , sa partie sub-saharienne en particulier, sont en proie à trois menoces majeures .
La menace climatique d’abord .
Si elle n’apparaît pas immédiatement comme la principale source d’inquiétude des pays africains en prise aux enjeux de développement économique et de lutte contre des mouvements terroristes (pour la plupart issues de la mouvance d’Al Qaida) , le réchauffement climatique est pourtant la menace la plus imminente dont les conséquences en terme de déstabilisation du continent ne sont même pas toutes évaluables .
Des zones entières vont devenir invivables, entraînant des déplacements majeurs de populations vers les zones géographiques plus tempérées et donc des vagues migratoires à des niveaux jamais atteints .
Le dérèglement climatique aura également, et a déjà, un impact sur l’utilisation des ressources naturelles présentes en Afrique avec la mise en difficulté de pays dont les économies sont parfois dépendante de l’exploitation d’une ressource qu’il s’agisse du pétrole , du cacao ou de métaux précieux .
La menace démographique ensuite . Le taux de natalité extrêmement élevé dans la plupart des pays sub-sahariens emportera également des conséquences. Déséquilibre des peuplements , risques de famines , enjeux d’éducation , de développement économique et culturel , enjeux de santé s’ajouteront à la menace climatique et à ses conséquences déjà décrites .
La population de l’Afrique subsaharienne a été multipliée par 5 entre 1960 et 2020.
L’Afrique devrait voir sa population doubler d’ici 2050 à cette échéance et 50% de celle-ci aura moins de 25 ans . C’est dire si le défi démographique est à la même hauteur que la menace climatique .
La menace terroriste enfin. L’actualité de la déstabilisation du Proche et Moyen Orient et de la poursuite de la guerre en Ukraine met sous le tapis la prolifération continue et le développement de mouvements terroristes disséminés dans la quasi totalité de l’Afrique subsaharienne et dont l’objectif semble bien de déstabiliser des régimes politiques souvent fragiles et prendre le contrôle de territoires pour y créer des états islamiques sur le modèle de Daech en Syrie et en Irak .
La faiblesse des États et leur dépendance au soutien militaire régionale voire de puissances extra-continentale rend la lutte contre la prolifération terroristes complexe et incertaine . La présence militaire française au Mali en est une illustration qui a vu notre incapacité à endiguer la progression terroriste et qui a dû se retirer du pays face à la défiance croissante des dirigeants maliens, et au delà des dirigeants de l’Afrique de l’Ouest par rapport à leur partenaire historique .
Ces trois menaces majeures doivent nous faire nous interroger sur les conséquences potentielles qu’elles entraîneront pour la France et l’Europe . Elles doivent nous engager à repenser notre relation à l’Afrique .
Repenser notre relation à l’Afrique c’est d’abord acter que la « Françafrique » a vécu.
Notre relation paternaliste aux anciennes colonie sur fond d’utilisation de leurs ressources naturelles , de corruption souvent assumée et de soutien à des régimes qui n’œuvrent ni au bien être de leur population, ni à la croissance de leur pays n’est plus souhaitable dans le monde tel qu’il est aujourd’hui. La perte d’influence française sur le continent voire la détestation nouvelle développée par certains pays et régimes et aussi la conséquence d’une politique qui avait dans aucune doute une justification dans le post-colonialisme mais qui ne fait plus sens de nos jours .
Miser sur la francophonie et le soft power .
Si les liens militaires, politiques et même économiques se sont distendus ces dernières années avec l’Afrique , la francophonie reste un point de stabilité et un point de force de la France sur le continent africain.
Il nous faut cultiver et renforcer ce lien culturel que le partage de la langue assure et qui positive la relation à nos anciennes colonies. Dans le même temps il convient de développer le softpower dont savent très bien user les pays qui ont pris racines sur le continent africain à l’image des bourses d’éducation du Qatar ou de la Turquie , de la construction d’infrastructures comme le fait la Chine et de la stratégie diplomatique russe sur le continent . L’éducation , la culture , le sport et en particulier le football sont des axes sous-estimés de nos politiques d’aide au développement en Afrique . La santé si tant est que nous puissions remettre notre propre système de santé national à l’endroit pourrait être aussi un vecteur important d’une relation renouvelée , assainie et gagnant -gagnant entre la France et l’Afrique.
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