Depuis deux ans nos dirigeants, aveugles et obsolètes, font mine de vouloir accueillir l’Ukraine au sein de l’Union Européenne. Tout ça par lâcheté, pour faire semblant d’accorder une protection à ce pays martyr du néo-impérialisme Russe (et sans lui fournir les armements à temps).
Tout ça parce que chacun sait que l’Ukraine ne peut entrer dans l’OTAN sans avoir signé la paix avec la Russie ; et encore moins sans l’accord de M. TRUMP et des USA. Une telle acceptation de l’Ukraine dans l’UE parachèverait trois choses : 1) L’incapacité de l’Europe d’assumer sa propre défense. 2) Une incapacité supplémentaire à prendre des décisions sensibles. 3) Une soumission rédhibitoire aux États-Unis, actant le fait que quand ils disent non à l’OTAN, l’Europe doit dire oui à une entrée dans une UE sans vitalité. Bref, le projet européen abdiquerait en se transformant en une sorte de « chambre » de pré-enregistrement ou de recalage de ceux dont les USA ne voudraient pas.
Quand vous ajoutez à cela les menaces de TRUMP sur la souveraineté du Groënland ou de Danemark, et le propos affirmant que les USA ne protégeront pas certains États s’ils ne contribuent pas assez. Seuls les aveugles refusent de voir que l’OTAN ne deviendrait alors que le réceptacle d’un impérialisme américain qui ne se donnerait même plus la peine de préserver les formes.
Face à la déferlante de menaces fiscales, technologiques et militaires dont use le nouveau pouvoir américain, l’Europe dispose pourtant de nombreux atouts ; dont un majeur.
Je ne reviendrais pas sur notre puissance commerciale. Je laisse ça aux fonctionnaires de Bruxelles. Je n’évoquerais pas notre capacité règlementaire, au moment où l’UE tremble des genoux face aux géants de la Tech pour faire appliquer ses propres lois !
Mais TRUMP commet une énorme erreur en voulant soumettre à sa volonté, ses taxes, ses « impériums » commerciaux, à la fois l’Europe et le Canada (accessoirement le Mexique). Ces deux partenaires et alliés représentant respectivement 18,6% et 15,2% des exportations américaines, soit plus du tiers.
Si le Canada et l’UE avaient la bonne idée de se coordonner, ce sont les USA qui se retrouveraient en position de faiblesse.
Le Canada aura bientôt une nouvelle majorité et un nouveau dirigeant. Ils seront eux aussi, comme leur prédécesseur, sous une pression maximale de Donald TRUMP qui affirme que la Canada devrait être le 51ème État des USA. Sans doute ne faut-il pas le prendre au pied de la lettre et ne cherche-t-il comme d’habitude qu’à fixer un rapport de force pour imposer à son voisin des conditions d’échanges économiques et migratoires plus favorable aux États-Unis.
En effet, cet immense pays (près de 10 millions de km2), dont la population est modeste (à peine 41 millions d’habitants), est extrêmement dépendant de l’économie américaine, qui représente près de 64% de ses exportations avec un excédent commercial qui n’a cessé de croître dans la dernière décennie. Il est si dépendant qu’il en est vulnérable et que ce déficit commercial est devenu insupportable aux yeux de l’administration TRUMP. Il aurait besoin de desserrer durablement l’étau.
C’est l’occasion où jamais pour l’Union Européenne de proposer un partenariat économique stratégique au Canada.
Surtout quand on sait que l’essentiel de ce que nous importons en provenance des USA (du gaz, du pétrole et ses dérivés) existe en grande quantité au Canada, ce qui permettrait de réduire notre dépendance vis-à-vis de l’oncle Sam.
En échange, le Canada pourrait trouver chez nous des débouchés commerciaux plus avantageux, dés lors qu’ils respecteraient nos normes environnementales et sociétales, ce qui est plus facile qu’avec les USA et les dérégulations qui y sont en cours. Mais nous aurions aussi à y gagner pour nos propres exportations.
Car si le Canada est un pays peu peuplé, il est un pays riche, le 21ème du monde (avant la France ou le Japon), qui importe près de 500 milliards de dollars par an.
De telles négociations devraient être annoncées très rapidement si nos dirigeants européens en ont la lucidité et le courage. Elles diminueraient énormément les marges de manœuvre de TRUMP dans sa guerre commerciale et d’intimidation qu’il a lancé contre nous tous.
Mais surtout :
1) En diversifiant notre approvisionnement en énergie nous serions plus forts face à la Russie, au Moyen-Orient et aux USA.
2) Nous ouvririons des débouchés à l’export pour compenser les difficultés avec les américains.
3) Nous inciterions des entreprises américaines à délocaliser au Canada pour commercer avec l’Europe sans qu’elles risquent les foudres de l’administration républicaine.
4) Nous pourrions négocier des joints venture favorisant des investissements industriels croisés sur nos deux continents.
5) Nous pourrions prévoir que nos échanges se passent désormais du dollar US.
6) Nous aurions un accès direct et facile aux nouvelles routes maritimes que le réchauffement climatique ouvre autour de l’arctique.
Enfin, avec un peu de vision stratégique et de malignité, l’Union Européenne pourrait proposer que la Grande-Bretagne fasse partie de ce partenariat économique stratégique au moment où elle souffre encore du Brexit et de son isolement.
Comme il ne s’agit pas d’accorder les mêmes droits qu’entre États de l’Union mais de créer un espace économique puissant dans lequel des pans entiers, équilibrés et réciproques (secteur par secteur) les échanges pourraient être favorisés entre nos pays, on pourrait trouver là un nouveau départ avec le Royaume-Uni. Ce serait là l’occasion de renouer une relation mutuellement bénéfique entre l’Union Européenne et la Grande-Bretagne.
Nous amorçons de le faire sur les plans diplomatiques et militaires sous la pression des guerres de M. POUTINE. Pourquoi ne pas en parler sous la pression des guerres commerciales qu’engage M. TRUMP ?
La relation avec le Canada, allié militaire historique et fiable, pays de plusieurs cultures, de bilinguisme, dont l’économie est forte et dont la culture politique est plus proche de l’Europe que celles des USA, est une évidence. Elle ne demande désormais qu’à croître et embellir. TRUMP nous en fourni le motif et l’occasion. En aurons-nous le courage ?
Renouer des liens moins généraux, moins contraints (car sur des secteurs choisis ensemble), plus équilibrés et plus dynamiques avec la Grande-Bretagne serait dans nos intérêts mutuels. Les Britanniques en auraient-ils l’audace ?
Mais l’ensemble de l’Union Européenne, du Canada et du Royaume-Uni, uni par l’histoire, par l’alliance militaire, par les langues, par des économies, par des marchés financiers puissants et par une certaine vision de la démocratie et du monde, serait un tournant géopolitique majeur du début du XXIème siècle, actuellement dominé par l’affrontement entre les USA et la Chine, dans lequel ils veulent nous entraîner.
Ce serait une arme d’indépendance, de liberté et d’apaisement.
Si en parallèle, l’Union Européenne décidait de proposer un autre partenariat stratégique à l’Inde en plein développement, en position de rééquilibrage face à la Chine, et en recherche continue d’une plus grande indépendance, alors l’Europe cesserait d’être le nain politique riche que les autres puissances veulent dépecer pour nourrir leur compétition.
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