Nos compatriotes ne comprennent plus la justice de notre pays , jugée trop lente , trop laxiste , dure avec les faibles et indulgente avec les puissants. La Justice ne comprend plus notre société , son évolution dans la violence , l’immédiateté et l’individualisme exacerbé .
À chaque épisode de violences collectives , de dégradations et de pillages , l’échelle des peines prononcées contre les émeutiers et les casseurs sidèrent l’opinion publique, de relaxe en rappel à la loi, de sursis en peine ferme que les auteurs n’effectuent pas.
Le récent épisode des violences urbaines commises en marge de la victoire du PSG témoigne de cette double incompréhension, de cette double déconnexion. Un procureur général près la Cour de Cassation, c’est à dire le représentant du ministère public le plus capé de France, en vient à déclarer sur les chaînes télévisées que ce que les Français ont pu visionner en boucle sur les chaînes d’infos continue -ou les pillages succédaient aux scènes de violences contre les biens publics et contre les forces de l’ordre- n’était pas la réalité des faits ! On croit rêver , ou plutôt on est en plein cauchemar du déni de réalité !
Arc-boutés sur le principe constitutionnel d’individualisation de la peine , perdus dans la culture de l’excuse et pour une bonne partie du corps de la magistrature, enfermé dans la logique syndicale et politique, nos juges ont perdu le sens du réel.
La justice est rendue au nom du peuple mais elle est aujourd’hui rendue sans le peuple voire contre le peuple.
À chaque nouvelle affaire et nouvelle polémique se succède les catalogues « La Redoute » des mesures à prendre pour une justice plus efficace et plus rapide . Durcissement de l’échelle des peines (qui n’aurait qu’un effet théorique), remise en question du principe d’individualisation de la peine à valeur constitutionnelle au profit de peines automatiques, effectivité de l’incarcération dès 3 mois fermes prononcés. Autant de fausses bonnes idées qui nécessiteraient pour être mises en œuvre que la situation politique du pays sorte de l’immobilisme dramatique dans lequel la France se trouve depuis 2022 et 2024.
En réalité , si nous voulons une justice en qui nos concitoyens aient à nouveau confiance c’est tout le logiciel qu’il faut changer , c’est toute la culture judiciaire qu’il faut remettre sur le métier.
Ainsi nous versons au débat public une idée qui fera sans aucun doute hurler la corporation des magistrats mais qui mérite de notre point de vue d’être étudiée et débattue.
Puisque la justice est rendue au nom du peuple français et bien il faut que les juges procèdent de ce même peuple en étant élus au suffrage universel .
Aux côtés d’un parquet qui resterait une magistrature de concours et de fonctionnariat, les juges du siège, ceux qui décident des peines appliquées aux auteurs reconnus coupables seraient élus et tireraient leur légitimité de nos concitoyens. Il seraient enfin obligés, eux aussi, de rendre des comptes.
Politisation de la justice ? Elle serait assumée et non plus larvée; la répartition des ressorts des tribunaux judiciaires départementaux et des cours d’appel régionales garantissant par essence une pluralité indispensable.
Laxisme ? Il y a fort à parier que dépendant du suffrage, et donc responsables devant les électeurs citoyens, les juges collent plus aux réalités vécues et répondent plus fermement face aux violences à personne , aux actes de vandalisme ou encore aux incivilités qui pourrissent la vie de nos concitoyens.
Justice à deux vitesse et justice pour les riches ? Des commentateurs souvent peu informés sur la réalité du système de justice américaine crieront à l’américanisation de la justice et à une justice au service des puissants. Aux Etats-Unis c’est moins l’élection des juges que la composition pénale qui permet à grand renfort d’argent d’éviter un procès, en indemnisant une victime au préalable – ce qui est très peu le cas chez nous- ou de limiter une peine en passant un accord avec le ministère public .
Si la composition pénale existe en droit français , introduite récemment elle reste limitée dans son champ d’application.
Il n’existe sûrement pas de système parfait mais le fonctionnement actuel de notre système judiciaire est sans aucun doute à bout de souffle et commande que l’on réfléchisse à autre chose.
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