MAYOTTE SYMBOLE D’UNE FAILLITE FRANÇAISE
Par Pascal BRINDEAU
Publié le 6 Jan, 2025
Plus de publications sur le thème : Démocratie et Institutions

Le cyclone Chido a dévasté Mayotte et créé une catastrophe humanitaire inédite sur le sol Français. Un bilan humain lourd et encore provisoire avec 39 personnes décédées et plus de 5000 blessés.

Un bilan matériel calamiteux qui révèle aussi les faiblesses du département français le plus pauvre et le plus démuni en infrastructures. Des dizaines de milliers de mahorais ont tout perdu, demeurent actuellement sans abri ou dans des hébergements de fortune. Les enjeux sanitaires notamment liés à l’eau et aux déchets préoccupent fortement les habitants et les autorités locales.

Mais la catastrophe climatique est aussi et surtout le révélateur d’un malaise profond de l’archipel de l’océan indien, en proie à des menaces majeures que la départementalisation de 2011 n’a jamais su traiter et qui n’ont pas été prises aux sérieux.

La question de l’accès à l’eau potable n’est pas propre à Mayotte et beaucoup de collectivités insulaires françaises connaissent cet enjeu vital pour les populations qui vivent sur les îles. Elle est particulièrement prégnante à Mayotte à la fois compte tenu de sa situation géographique, géologique et de la forte densité de population issue d’une immigration massive et incontrôlée en provenance des Comores voisines. Le changement climatique rend plus incertain la régularité de l’apport hydrique annuel et se combine avec une faiblesse des infrastructures de gestion de la ressource en eau.

La crise de l’eau, l’archipel mahorais la connaissait avant le cyclone Chido et malheureusement continuera d’y être confronté ce qui implique une action forte sur les capacités de stockage de l’eau potable de l’île ainsi que sur les usines de désalinisation de l’eau de mer qui pourraient constituer une sécurité d’approvisionnement mais dont le coût d’exploitation est pénalisant.

La question de l’accès aux matériaux et matières premières permettant le développement économique de l’archipel mais aussi de l’habitat, représente un véritable défi. Le cyclone Chido qui a dévasté de nombreuses maisons d’habitation a également révélé la grande misère de l’habitat à Mayotte, produit de la pauvreté de nombreux habitants de l’île mais aussi de la rareté des matériaux de construction qui permettraient d’élever le niveau de sécurité face aux événements climatiques tels que les cyclones. Sur ce point également il existe un pas énorme à franchir que la métropole depuis 2011 n’a pas accompagné à la hauteur des enjeux.

Le retard de développement économique est aussi une particularité et un handicap fort du 101e département Français. Située dans une zone géographique du monde au sud est de la corne africaine plutôt éloignée de grand pôles économiques, l’île ne dispose pas en elle-même d’atouts de développement économique propres, pas de ressources particulières de son sous sol et pas d’industrie d’exportation qui la tirerait vers le haut.

Il faut donc imaginer pour Mayotte un modèle économique de développement innovant qui demande à la fois des moyens mais aussi une stratégie partenariale avec la métropole d’une part et avec les collectivités françaises situées en relative proximité comme La Réunion.

L’Union européenne pourrait également contribuer à soutenir des territoires périphériques dont ses états membres ont la responsabilité et le devoir de garantir de meilleures chances de développement.

Enfin le mur de l’immigration clandestine massive venue des Comores, voire d’Afrique de l’Est, rend de plus en plus difficile la sécurité sur Mayotte , son potentiel de développement et de résorption de la misère et amplifie les problèmes qui viennent d’être évoqués. Pour mettre fin à cette immigration clandestine massive, il est évident que le droit commun français en matière d’asile et d’immigration est totalement inopérant même en considérant les quelques dérogations récentes qui marquent en réalité la faillite de l’Etat sur l’un de ses territoires.

Seul un droit spécifique, qui supprimerait totalement le droit du sol ainsi qu’un arsenal juridique renforcé s’agissant du retour (et une politique de coopération et de développement avec les Comores) permettraient de juguler ce phénomène. Le statut de département de Mayotte interdit aujourd’hui un tel droit dérogatoire à tout le moins en l’absence de modification constitutionnelle.

Et puisque qu’une modification constitutionnelle apparaît indispensable à prendre en considération cette impérieuse question de l’immigration clandestine et que les autres enjeux économiques, d’infrastructures et d’accès aux ressources vitales semblent mues par la même spécificité et particularité de l’archipel mahorais, il nous semble nécessaire d’envisager un statut constitutionnel spécifique à Mayotte comme d’autres territoires ultramarins de la République en possèdent déjà.

Ce statut constitutionnel spécifique n’est certes pas de nature à répondre à l’urgence de la situation de l’île et de ses habitants sinistrés qui attendent de la solidarité nationale des mesures fortes et rapides, mais serait de nature à garantir à l’avenir pleinement un développement pérenne, équilibré et juste de Mayotte au sein de la République Française.

Cette publication vous est proposée par :

Pascal BRINDEAU
Pascal BRINDEAU ancien Député-Maire de Vendôme

Les propos relayés dans cette publication n’engagent que leur auteur. Ruptures ne pourrait être tenu pour responsable.

Débattons-en ensemble ! ⤵️

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *