Longtemps personne ne s’est ému des fusillades, règlements de compte et affaires liées au narco-trafic largement cantonnés à la ville de Marseille et à sa région.Cela faisait presque parti du paysage et du « folklore local. »
Seules les victimes, les habitants des quartiers gangrenés par le phénomène, vivant dans la peur ainsi que les élus locaux étaient sidérés devant l’absence de réponse de l’Etat et la faiblesse des moyens policiers face à ce qu’ils considéraient déjà comme un fléau sapant la cohésion sociale.
Et puis le phénomène a commencé à apparaître dans d’autres métropoles et centres urbains, à Grenoble notamment . La complaisance du maire Éric Piolle envers les dealers et la politique anti-sécuritaire de la municipalité écologiste apparaissant comme un terreau favorable au développement du narco-trafic dans la cité iséroise.
Il fallut le meurtre de la jeune étudiante Socayna, touchée à la tête dans son appartement par une balle perdue d’une salve de kalachnikov, pour que d’un fait divers, médias et classe politique commencent à comprendre qu’il s’agit en réalité d’un phénomène de société et d’un danger mortel pesant sur la société française.
Le discours politique est devenu plus adapté au niveau de violence qu’engendre les trafics de drogues et les agissements mafieux des organisations criminelles qui en sont à la tête.
Désormais pas une semaine sans qu’à Rennes , Nantes , mais aussi dans des villes moyennes ne soient à déplorer des nouvelles fusillades, des intimidations, des menaces de mort, de véritables contrats d’assassinat perpétrés par des individus de plus en plus jeunes, biberonnés à l’argent facile et à l’ultraviolence.
L’opinion publique en générale, et celle des territoires particulièrement touchés, étant de plus en plus en demande d’une politique sécuritaire et de mesures fortes pour lutter contre ces trafics, les ministres de l’intérieur successifs au premier rang desquels Bruno Retailleau l’actuel locataire de la place Beauvau, se sont mobilisés pour aboutir ces dernières semaines au vote d’une loi spécialement consacrée à la lutte contre les narco-trafics. Avec notamment la création d’un parquet national dédié, sur le modèle italien, et du parquet national antiterroriste créé en 2019 qui tirait les leçons des diverses vagues d’attentats terroristes islamistes de 2015 et 2016 notamment.
Ces mesures vont sans aucun doute dans le bon sens. Mais sont elles suffisantes devant l’ampleur du phénomène et les méthodes des traficants et des maffias de la drogue aux ramifications internationales.
Le point de bascule n’est il pas atteint quand 35 homicides liés aux trafics et règlement de compte ont été enregistrés en 2023 pour la seule ville de Marseille?
Le point de bascule n’est il pas atteint lorsque des agents pénitentiaires sont victimes d’un véritable guet-apens à une barrière d’autoroute et meurent sous les balles de fusils d’assaut d’un groupe organisant l’évasion de Mohamed Amra, considéré jusqu’alors comme une petite frappe du trafic de drogue mais qui révèle les liens tentaculaires des organisations criminelles et leurs méthodes terroristes ? Le point de bascule n’est il pas atteint quand des agents pénitentiers, des directeurs de prison, leurs familles, leur véhicules et domiciles font l’objet d’attaques coordonnées dans toute la France sur plusieurs jours par un pseudo groupe Défense Des Prisonniers Français (DDPF), du nom des inscriptions retrouvées sur les lieus des faits, mais qui masque en réalité les organisations criminelles liées aux trafics de stupéfiants?
Un pas a été franchi. Quand une école doit être déplacée parce que menacée par un point de deal présent sur le trottoir. Quand des innocents sont les victimes collatérales des règlements de compte entre bandes rivales. Quand les hommes et femmes détentrices d’une fonction représentant l’autorité de l’Etat, que sont les agents pénitentiaires, sont attaqués. Ce n’est plus seulement de la criminalité, c’est véritablement du terrorisme. Non pas mu par des considérations religieuses ou politiques mais par la contestation de la puissance de l’Etat et de sa légitimité à lutter contre les trafics et ceux qui les organisent.
Les opérations place nette décidées par Gérald Darmanin, jolies actions cosmétiques et médiatiques de déplacement des points de deal qui se reconstituent à quelques pas des zones « nettoyées », ont en réalité eu pour effet d’allumer des contre-offensives de la part des trafiquants comme en témoignent les recettes actions inédites de ces groupes dirigées contre l’Etat.
Oui ces organisations doivent être considérées comme terroristes et nous devons leur mener la même guerre que contre le terrorisme islamiste.
Il convient donc que l’arsenal législatif répressif en matière de criminalité liée aux narco-trafics intègre la même échelle de peine qu’en matière de terrorisme. Un meurtre en bande organisée liée au trafic de drogue doit être inscrit aux articles 221-3 et 221-4 du code pénal qui prévoit la peine de « perpétuité réelle » ou incompressible qui fait que le condamné ne sort jamais de prison.
Il convient dans le même temps d’élever l’échelle des peines de toute la chaîne des condamnations liées aux trafics de stupéfiants qui doivent être considérées comme des circonstances particulières et aggravantes pour leurs auteurs.
La politique du renseignement et des coopérations internationales en matière policière comme judiciaire doit être orientée vers les organisations criminelles des narco-trafics , celle-ci doivent être ciblées et doivent pouvoir faire l’objet des opérations spéciales de « neutralisation » au même titre que les terroristes.
Chacun doit bien comprendre que le terrorisme du narco-trafic est une guerre. Et que celle-ci cette fois se déroule bel et bien sur notre sol, dans nos quartiers.
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