Le départ de Bachar al Assad ainsi que la chute de la Syrie :
Enjeux et perspectives pour le moyen orient et pour le monde.
Le responsable de cette chute ? Ils sont plusieurs :
La Turquie d’Erdogan en est le premier conspirateur. Les drones et les équipements sophistiqués des groupes armés qui ont investi toutes les grandes villes syriennes sont de provenance et de financement turcs.
C’est le même scénario que celui utilisé en Libye avant de créer le chaos que nous connaissons.
Erdogan a des objectifs multiples.
Il veut en finir avec les kurdes du nord de la Syrie ; continuer à occuper des territoires tampon en Syrie que Bachar al Assad lui réclamait sans cesse et qu’il imposait comme préalable à toute normalisation.
Erdogan a la pression de sa population qui lui réclame d’expulser les 3,5 millions de réfugiés syriens qui exercent une pression démographique et économique sur la Turquie.
L’idéologie Erdogan est issue de la mouvance des frères musulmans, par nature opposés au chiisme dans toutes ses formes et donc opposés à l’Iran. Il a tout intérêt à faire basculer la Syrie dans le giron des frères musulmans plutôt dans celui des Iraniens.
L’Otan et à sa tête les Etats Unis sont le deuxième protagoniste et bénéficiaires de cette chute : Faire tomber le dictateur, « et au diable le peuple » qui de toutes les façons n’était pas mieux avec.
Biden a eu une formule magique : opportunité historique pour les Syriens après la chute du dictateur. Nous avons entendu cette rengaine en Irak en Libye et au Yémen et nous connaissons tous les conséquences.
Les Etats Unis, en occupant la Syrie et en pillant son pétrole et son blé, ne veulent plus quitter cet eldorado, ignorant les demandes incessantes du dictateur Al assad.
Les Israéliens : Eux aussi veulent se débarrasser d’un Assad qui réclame le Golan occupé, territoire historique de la Syrie.
Bachar al Assad laissait aussi passer des armes au Hezbollah libanais, ennemi juré d’Israël. La Syrie est un élément stratégique dans le puzzle iranien, sa chute n’est que bénéfique pour eux. Ils ont même aidé les groupes terroristes. Les Israéliens ont parfois aidé et même assuré les soins dans les hôpitaux israéliens comme le groupe al Nosra branche d’Al QAIDA !!
Les pays du Golfe veulent la chute de Bachar al Assad. Son rapprochement avec l’Iran constitue une menace permanente aux monarchies du golfe.
Historiquement le parti Baas créé par Michel Aflak, d’origine syrienne, et dont est issue toute la classe politique syrienne actuelle, demande l’abolition de toutes les monarchies et même de couper toutes les têtes des rois dans le monde arabe.
Michel Aflak, le chrétien, est père du parti Baas qui a régné en maitre en Irak et en Syrie, considère que seul le nationalisme arabe est fédérateur de la nation et non les monarchies.
La Syrie, depuis la gouvernance du père Hafedh Al assad constitue une menace permanente pour les monarchies ; la disparition de cette famille alaouite branche du chiisme, est la bienvenue dans une région à majorité wahhabite branche radicale du sunnisme.
Bref toute la région voulait la chute du dictateur y compris les opposants politiques syriens et une grande partie de la population sunnite et kurde.
Qui voulait la survie du régime ?
L’Iran en premier car Bachar al Assad est un pilier de l’échiquier iranien permettant le passage d’armes au Hesbollah libanais.
La Russie, car Bachar al Assad lui assure l’accès à la méditerranée et lui procure des bases avancées au moyen orient.
Les perdants ?
Le peuple syrien en premier, l’Iran et l’Europe en derniers.
Chaque pays a essayé de préserver ses intérêts dans cette région sur le dos du peuple syrien.
Le dictateur sanguinaire sera remplacé par une branche « édulcorée d’Al Qaida » qui a juste changé de nom et s’appelle à présent Hayat Tahrir Al-Cham ou HTC.
Ce groupe est issu de la fusion de plusieurs organisations rebelles djihadistes, dont Al nosra soutenue par Israël, responsable de plusieurs exactions contre des civils et de crimes de guerre
,des anciens de Daech convertis au populisme en essayant de changer de nom.
Ni la doctrine ni la finalité n’ont changées. Ce groupe est soutenu par la Turquie. Les autres branches sont soutenues par le Qatar, l’Arabie saoudite, les émirats et même par le Bahreïn, ennemi juré des libertés. Le HTC est soutenu par les Etats Unis par le biais de la CIA qui exerce une pression avec ces groupes pour affaiblir al hachd et al chabi en Irak qui réclament le départ des Américains. Cette branche d’al Qaida constitue à présent un allié de circonstance pour les Etats Unis.
La Russie opportuniste de Poutine ne perdra rien, car elle a déjà négocié la présence de ses forces et de sa base avec ses factions : avec ou sans Bachar al Assad elle restera en Syrie.
Les grands perdants : l’Iran qui perd un allié certes pas toujours fidèle, car soupçonné parfois de livrer des informations contre les Iraniens dont il aime la protection sans sa présence. Dans un jeu cynique, les assassinats ciblés des convois par les Israéliens restent une énigme pour les Iraniens qui commencaient eux aussi à se méfier de Bachar al Assad.
Les européens sont aussi les perdants de cette conquête. Une destination nouvelle pour le terrorisme djihadiste islamiste est à présent reconstituée. Tous les terroristes dont les pays européens ont négocié l’incarcération avec l’ancien dictateur syrien se retrouvent à présent dans la nature. Ils vont se se venger, contre l’islam modéré et contre les musulmans chiites et sunnites qui s’opposent à leur doctrine et contre toutes les autres libertés quelles qu’elles soient…
Le plus grand perdant ?
Le monde arabe dans sa globalité. La chute de Damas s’associe aux anciennes velléités du retour de l’empire ottoman sur les débris d’un monde arabe fragmenté. Les néo-ottomans, comme on les appelle, rêvent de restaurer leur empire sur le dos des pays arabes ; brandissant l’étendard d’un islamisme modéré et de circonstance, les néo-ottomans voient le monde arabe en sommeil comme un simple vassal dans le giron de leur future puissance coloniale dont ils rêvent depuis la chute de leur empire…
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