Enième épisode des guerres de civilisation qui secouent le moyen orient depuis des décennies, Israël appuyé par les États Unis a lancé une guerre « préventive » de douze jours contre l’Iran avec pour objectif affiché de mettre fin aux capacités du régime des mollahs de se doter de la bombe nucléaire.
Les bombardements israéliens, puis américains, des principales installations nucléaires iraniennes s’est accompagné par l’armée de Tsahal appuyé par le Mossad d’opérations d’élimination de hauts responsables militaires, scientifiques et religieux. Tant et si bien que de nombreux spécialistes et commentateurs s’interrogent sur le but réel du gouvernement de Netanyahou qui pourrait avoir été l’élimination du guide suprême Ali Khameini et par la même la chute du régime de la République islamique. Cela semble confirmé par les déclarations du Ministre de La Défense de l’État hébreu lorsqu’il affirme que si l’opportunité s’était présentée, le chef d’État iranien aurait été liquidé.
Comme dans chaque confrontation militaire, et particulièrement dans le contexte où Israël intervient sur plusieurs fronts à la suite des attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2022 et où son occupation de Gaza ainsi que la gestion de l’aide humanitaire sont de plus en plus contestées au plan international , informations et désinformations côtoient vérités scientifiques et intérêts stratégiques.
Le régime iranien, en dépit de sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique et de la fatwa du guide suprême qui rejette la recherche nucléaire iranienne à des fins militaires, accrédite la thèse d’une quête du nucléaire militaire par son comportement.
La conception même de ses infrastructures nucléaires prétendument civiles, dont certaines sont apparemment maintenues secrètes, et d’autres sont très enterrées et sur protégées ne s’explique pas autrement. Son enrichissement d’uranium dépasse par surcroît très largement les pourcentages nécessaires au nucléaire civil.
Le régime des mollahs était il en train d’accéder à la bombe nucléaire ? Après l’intervention israélo- américaine l’Iran a t il définitivement perdu ses capacités de se doter de l’arme nucléaire ?
Deux questions qui font l’objet de déclarations contraires , d’infos et d’infox , et pour tout dire d’incertitudes absolues .
Une situation qui n’est pas sans rappeler 2003 et l’invasion de l’Irak par une coalition composée des États Unis , du Royaume Uni, de l’Australie, de la Pologne et de forces du Kurdistan.
La France , l’Allemagne, la Russie et la Chine s’étaient opposées à cette intervention.
Le contexte de la lutte contre le terrorisme islamique et la sidération mondiale qu’ont constitués les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain avaient offert aux États Unis l’opportunité d’étendre leur interventionnisme militaire dans le golfe au delà de l’Afghanistan. Saddam Hussein est alors soupçonné de vouloir fournir des armes de destruction massive, qui furent au cœur d‘une vaste campagne de désinformations, à des groupes terroristes qu’il était censé protéger sur le sol irakien.
L’objectif final poursuivi en réalité par les américains était la chute du régime baassiste et du Raïs qui interviendra en septembre 2003 après sept mois de conflit.
Malgré le maintien d’une présence militaire américaine importante plusieurs années après, et à l’image de ce qui s’est passé en Afghanistan où les Talibans ont fini par reprendre le pouvoir, l’Irak est tombé dans le chaos et la guerre civile. Ce qui a permis l’émergence de Daesh et l’instauration d’un califat dont la chute n’a pas éliminé totalement la menace que «l’Etat islamiste » représente pour la sécurité internationale. Ce qui a aussi permis à l’Iran d’étendre son influence sur l’Irak…
La volonté de l’administration Trump est-elle in fine de faire tomber le régime des mollahs en Iran? Les déclarations contradictoires , une habitude prise par Trump lorsqu’il semble tester plusieurs options militaires ou diplomatiques font douter de cet objectif.
En revanche l’affirmation de Benjamin Netanyahou elle est on ne peut plus claire: détruire le régime politique iranien et redessiner la carte politique et diplomatique du moyen orient dans l’objectif de garantir la sécurité d’Israel. Et on vient de le voir, il n’hésite pas à se passer de l’autorisation des USA pour engager le combat, espérant que Washington n’aura pas d’autre option que de le suivre.
Cela représente un risque énorme de voir le chaos s’instaurer dans l’ancienne Perse qui demeure par son étendue, son positionnement géographique et ses ressources, le territoire central et incontournable de la région. L’opposition intérieure et surtout de la diaspora iraniennes au régime de l’ayatollah Khameinei seraient elles en mesure de garantir une transition politique pacifique, pérenne et démocratique? Rien n’est moins sûr.
0 commentaires